LES PAYS ASIATIQUES FONT FACE À L'INTENSIFICATION DES EFFETS DES TYPHONS DANS LE BASSIN DU PACIFIQUE NORD-OUEST

Les systèmes de tempêtes s'affaiblissent généralement lorsqu'ils touchent terre, ce qui rend les zones côtières les plus exposées. Cependant, certains systèmes peuvent continuer à progresser vers l'intérieur des terres et entraîner des conditions défavorables dans des endroits éloignés de la côte.  

Si le changement climatique ne devrait pas augmenter le nombre de tempêtes tropicales, il risque toutefois d'accroître leur intensité, avec des vents plus violents et des précipitations plus abondantes. En Asie du Sud-Est, les typhons se forment plus près des côtes, s'intensifient plus rapidement et durent plus longtemps sur les terres, ce qui accroît la menace pour les communautés côtières et celles situées plus à l'intérieur des terres.

Les systèmes tempétueux peuvent avoir des répercussions majeures sur les zones qu'ils traversent, mettant en danger des vies humaines et causant chaque année des centaines de milliards de dollars de dégâts. Le principal danger réside dans les inondations causées à la fois par les ondes de tempête (élévation anormale du niveau des eaux côtières ou fluviales générée par les vents violents) et les périodes de fortes précipitations. Les vents violents peuvent également causer des dégâts matériels, projeter des débris dangereux et générer une mer agitée qui menace les marins et les habitants des zones côtières. Des tornades peuvent également se former lorsque les tempêtes touchent terre. Les dommages aux infrastructures peuvent être considérables, avec des coupures d'électricité généralisées, la contamination des réserves d'eau, des perturbations majeures des transports et des interruptions des services Internet et des communications mobiles. Les services de santé et d'urgence peuvent également être débordés par la multitude de demandes auxquelles ils doivent répondre. La fermeture des transports et les perturbations majeures de la chaîne d'approvisionnement peuvent entraîner une pénurie de biens et de services dans les heures qui suivent une tempête.

Si la vitesse soutenue du vent peut être utilisée pour évaluer le niveau de dégâts attendu, elle ne tient pas compte d'autres risques environnementaux tels que les ondes de tempête, les précipitations et les tornades. Une tempête qui se déplace lentement, quelle que soit son intensité, peut produire des averses persistantes sur une région donnée, qui peuvent avoir un impact plus important qu'une tempête plus intense qui traverse rapidement une zone. En outre, la vulnérabilité relative et le degré de préparation d'une zone peuvent avoir une incidence considérable sur le niveau des dégâts et des perturbations. Par exemple, en raison de ressources limitées et des contraintes liées à l'acheminement de l'aide aux populations dans le besoin, certaines îles isolées du Pacifique peuvent être plus durement touchées par des tempêtes relativement mineures que les zones côtières de l'Asie continentale. Si une île ne dispose que d'un seul aéroport ou port et que ceux-ci sont endommagés pendant la tempête, cela limite sa capacité à recevoir de l'aide. 

Le littoral étendu des Philippines et du Vietnam, avec des grandes villes situées dans des zones côtières de faible altitude, rend une grande partie de la population vulnérable à l'élévation du niveau de la mer, aux ondes de tempête et aux typhons. En moyenne :  

• 4 à 6 typhons frappent le Vietnam chaque année ; la plupart touchent les provinces du centre et du nord, les provinces du nord étant plus fréquemment touchées.
• 8 à 9 typhons frappent les Philippines chaque année, touchant davantage le nord-est et le centre-est du pays, car les typhons se déplacent généralement d'est en ouest.

Les deux pays connaissent une urbanisation et une expansion rapides, avec une population urbaine croissante et un nombre croissant de villes et de zones urbaines. Cela met à rude épreuve les infrastructures existantes, qui ont déjà du mal à faire face, comme dans la métropole de Manille aux Philippines, qui est régulièrement inondée pendant la saison des pluies. Les zones urbaines sont également plus exposées aux inondations et aux glissements de terrain en raison de l'augmentation des surfaces imperméables et d'un urbanisme inadéquat, tandis que l'insuffisance des infrastructures et les quartiers informels contribuent à accroître la vulnérabilité aux typhons.  

Les opérations dans les pays asiatiques sont encore compliquées par la faible résilience des infrastructures, l'absence de plans de continuité des activités et la saturation des ressources locales. Le typhon Yagi a causé des dégâts considérables en Asie du Sud-Est et dans le sud de la Chine en 2024, lorsqu'il a touché terre dans la province d'Aurora aux Philippines le 2 septembre, dans la province de Hainan en Chine le 6 septembre et dans les provinces de Haiphong et Quang Ninh au Vietnam le 7 septembre. Yagi a fait 433 morts au Myanmar, 325 au Vietnam, 52 en Thaïlande, 21 aux Philippines, 7 au Laos et 4 en Chine, principalement en raison de glissements de terrain et de crues soudaines. Yagi a frappé la région du delta du fleuve Rouge au Vietnam, qui comprend les principaux centres économiques de Hanoï et Haiphong, où se trouvent plusieurs usines internationales. Divers secteurs, notamment l'industrie, la logistique, le tourisme et l'agriculture, ont été perturbés, le secteur de la chaîne d'approvisionnement et de la logistique étant le plus durement touché. Les autorités ont mis plusieurs jours à rétablir l'électricité, l'eau, l'assainissement et les réseaux de transport. De nombreuses entreprises et particuliers n'ont pas été en mesure de rembourser leurs prêts à temps, ce qui a eu des répercussions sur des dettes totalisant 100 000 milliards de dongs, et le secteur des assurances a dû faire face à de nombreuses demandes d'indemnisation. À la suite des inondations, le Vietnam a exhorté la Chine à réguler le débit de l'eau en amont du fleuve Rouge et à donner un préavis avant tout lâcher d'eau. La Chine a ralenti le débit des barrages en amont et stocké l'eau dans des réservoirs afin d'atténuer les pics de crue en aval.

La reconstruction après un typhon peut être longue et coûteuse. Il faut parfois plusieurs années pour que les zones sinistrées soient entièrement restaurées, et rien ne garantit qu'une autre tempête ne frappera pas avant la fin des opérations de secours. Les dégâts causés aux aéroports, aux ports, aux voies ferrées, aux routes et aux autres infrastructures de transport peuvent entraîner des difficultés pour acheminer l'aide ou les marchandises nécessaires après la catastrophe. Il existe également de nombreuses autres conséquences secondaires à long terme qui peuvent être attribuées à un typhon, telles qu'une baisse du tourisme, de mauvaises conditions agricoles pour les récoltes futures et même des effets à long terme sur la santé mentale et physique de la population locale.  

Quelle que soit l'intensité prévue des typhons, la préparation est essentielle. Les organisations doivent procéder régulièrement à des évaluations approfondies des risques et des vulnérabilités et s'assurer que leurs plans d'urgence tiennent compte des scénarios les plus pessimistes et des répercussions directes et indirectes potentielles sur leurs activités et leurs actifs. Les polices d'assurance doivent être étudiées afin de garantir la couverture de tout dommage, annulation ou perte de revenus pouvant survenir à la suite d'un typhon. Des polices de protection supplémentaires, ou une couverture paramétrique, peuvent être nécessaires pour les événements dérivés tels que les inondations, les glissements de terrain ou les ondes de tempête. En 2024, l'Asie a enregistré 91 milliards de dollars de dommages causés par des catastrophes naturelles, dépassant sa moyenne sur dix ans. Cependant, seuls 16 milliards de dollars environ de ces pertes étaient assurés, ce qui souligne que l'Asie continue d'afficher l'un des plus importants déficits de protection en matière d'assurance au niveau mondial.  

Les chefs d'entreprise doivent élaborer et réviser en permanence des plans d'urgence, de continuité des activités ou d'urgence domestique afin de s'assurer qu'ils sont adaptés et proportionnés à la menace potentielle que représentent les typhons. Il est possible de recourir à la modélisation assistée par la technologie pour la planification de scénarios et l'intelligence prédictive. Les plans de communication de crise doivent être testés régulièrement afin de vérifier que les employés connaissent les procédures d'urgence et les détails des évacuations. Les personnes désignées pour assurer la liaison ou l'aide en cas d'urgence doivent également suivre une formation appropriée, notamment sur la prise en charge des problèmes de santé mentale persistants.  

À la suite d'un typhon, il est probable que l'on assiste à des pénuries d'eau et d'électricité persistantes, à la fermeture de voies de transport pouvant entraver le transport maritime et la circulation des employés, ainsi qu'à des dysfonctionnements des équipements endommagés. Les risques de maladies et de criminalité peuvent également augmenter, ce qui nécessite une surveillance et des mesures d'atténuation. Les entreprises peuvent être amenées à fonctionner avec des effectifs réduits, des horaires de travail réduits ou des fonctions sur site limitées pendant plusieurs semaines.  

Les entreprises en Asie doivent rester flexibles dans leur planification et leur réponse aux typhons. Les mesures de préparation doivent couvrir les scénarios avant, pendant et immédiatement après les tempêtes violentes, ainsi que leurs effets à long terme. Les plans d'urgence doivent également tenir compte de variables incontrôlables telles que la résilience des infrastructures urbaines ou nationales, l'efficacité des interventions d'urgence et la vulnérabilité spécifique à chaque site face aux conditions météorologiques extrêmes.  

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