Analyse
Les tensions accrues entre le nouveau gouvernement et les groupes minoritaires en Syrie devraient persister
20 FÉVR. 2025
/
4 mins de lecture

Points clés
- Les tensions entre le nouveau gouvernement dirigé par Hayat Tahrir al-Sham (HTS) et les groupes minoritaires restent vives, car les craintes de persécution et les préoccupations en matière de sécurité alimentent la résistance au désarmement.
- Les griefs historiques et les attaques récentes exacerbent la méfiance parmi les minorités, en particulier les alaouites et les Kurdes, qui exigent des garanties de sécurité avant de se conformer à la gouvernance de HTS.
- Le HTS est confronté à des défis pour consolider son pouvoir tout en équilibrant les demandes des minorités, les divisions sectaires et les affrontements en cours, au risque d'une instabilité accrue si aucun compromis n'est trouvé.
Les relations entre le nouveau gouvernement dirigé par Hayat Tahrir al-Sham (HTS) et les groupes minoritaires resteront probablement tendues au cours des 30 à 90 prochains jours, malgré les assurances données par le groupe islamiste de protéger les droits des minorités. La prise de pouvoir du groupe marque la première fois en plus de 50 ans que la population sunnite majoritaire en Syrie gouverne le pays. Alors que le HTS a cherché à se distancier de son passé militant, l'intolérance religieuse perçue et l'augmentation des attaques depuis qu'il a pris le contrôle ont attisé les craintes des minorités, qui comprennent les alaouites, les chrétiens et les Kurdes. En conséquence, certains groupes refusent de se conformer aux ordres de désarmement du HTS, ce qui entraîne des affrontements continus dans certaines régions du pays.
Origines militantes du HTS et méfiance des minorités
De nombreux groupes minoritaires se méfient toujours du HTS en raison de ses liens passés avec des organisations militantes et de ses racines dans l'idéologie salafiste-djihadiste. Le prédécesseur du HTS, Jabhat al-Nusra, était une organisation affiliée à Al-Qaïda, créée en 2012 dans le but de renverser le gouvernement du président Bachar al-Assad et d'établir un État islamique en Syrie. Alors que le HTS s'est séparé d'Al-Qaïda en 2016 pour adopter une position plus modérée et concentrer ses opérations sur la Syrie, les États-Unis et le Royaume-Uni, ainsi que l'ONU et l'UE, l'ont désigné comme organisation terroriste. En outre, la situation reste tendue à la suite d'une série d'attaques contre des sites chrétiens et alaouites fin décembre, qui ont déclenché de grandes manifestations. Bien que le HTS ait rapidement arrêté les auteurs des attentats, les groupes minoritaires craignent que la prise de pouvoir du HTS n'ait enhardi les militants.
Insécurité croissante et résistance des alaouites
Malgré l'engagement pris par le président par intérim Ahmed al-Sharaa de protéger les minorités religieuses à la suite des attentats, le HTS se concentre sur la consolidation de son pouvoir politique, ce qui l'empêche d'assurer un niveau de sécurité adéquat. Les alaouites, par exemple, ont été de plus en plus pris pour cible en raison de leur loyauté supposée envers le régime Assad. La famille Assad appartient à la secte alaouite, qui représente environ dix pour cent de la population syrienne. Les alaouites occupaient une position privilégiée sous le régime Assad, détenant la majorité des postes les plus élevés au sein du gouvernement, de l'armée et des services de renseignement. Certains Syriens qui ont souffert sous le régime d'Assad prennent les choses en main et appellent à des violences de masse contre les alaouites. De nombreux alaouites ont clairement indiqué qu'ils ne désarmeraient pas tant que le HTS n'aurait pas fourni de garanties de sécurité à leur communauté. Si le HTS oblige les alaouites à désarmer sans répondre à ces demandes, cela pourrait potentiellement conduire à de nouveaux affrontements.
Intensification du conflit et incertitude pour les Kurdes
Comme les alaouites, les kurdes ont également été de plus en plus pris pour cible dans l'administration autonome du nord et de l'est de la Syrie (AANES) après la prise de pouvoir par HTS. Depuis décembre, l'armée nationale syrienne (SNA), soutenue par la Turquie, qui s'était coordonnée avec HTS pour évincer Assad, a lancé une offensive dans l'AANES pour reprendre les zones sous le contrôle des Forces démocratiques syriennes (FDS) dirigées par les kurdes. Bien que le commandant des FDS, Mazloum Abdi, ait rencontré Sharaa pour discuter de l'intégration du groupe et d'un éventuel cessez-le-feu, les négociations pourraient échouer si la violence s'intensifie dans l'AANES. Les FDS ont l'intention de conserver le contrôle de la région et de maintenir leur branche militaire en tant qu'unité distincte sous l'autorité du ministère syrien de la Défense, invoquant les menaces de l'ASN et de la Turquie. Cela va toutefois à l'encontre de la vision de l'HTS d'un État syrien unifié sans régions fédérales. Par conséquent, les tensions entre les FDS et l'HTS devraient persister à moins qu'elles ne parviennent à un compromis.
Résistance et défi de l'inclusivité
En raison de la situation sécuritaire précaire et des craintes d'attaques, de nombreux groupes minoritaires refusent les ordres de désarmement de HTS. Bien que HTS ait mené des négociations avec les groupes minoritaires, elle n'a pas exclu la possibilité d'opérations militaires si les groupes ne se conforment pas. La situation restant instable, HTS devra agir avec prudence pour s'assurer que la Syrie post-Assad ne soit pas davantage divisée selon des lignes sectaires.
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