Implications de l'attaque israélienne au Qatar dans un monde post-7 octobre

Avec son attaque à Doha, Israël a effectivement compromis toute perspective à court terme d'amélioration des relations avec les États du Golfe.  

Néanmoins, Israël est de plus en plus enhardi, étant donné que les États-Unis semblent peu disposés à restreindre les actions israéliennes après le 7 octobre. L'attaque effrontée contre le Qatar augmente le risque qu'Israël considère d'autres pays tiers qui accueillent le Hamas, à savoir la Turquie, comme des cibles légitimes. Les actions d'Israël continueront très certainement à l'éloigner de la région dans un avenir prévisible et à susciter une condamnation mondiale croissante. Israël continuera toutefois à ignorer son isolement régional tant qu'il bénéficiera du soutien des États-Unis.  

Les responsables américains affirment qu'ils n'ont été informés de l'attaque israélienne qu'une fois que les avions israéliens étaient déjà en route vers le Golfe, tandis que les responsables qatariens ont déclaré que les États-Unis ne les avaient informés de l'attaque qu'environ 10 minutes après son début. Les doutes persistants quant à la fiabilité des États-Unis en tant que partenaire en matière de sécurité conduiront sans aucun doute les États du Golfe à rechercher des liens plus étroits avec d'autres acteurs régionaux, voire des rivaux, tels que l'Iran, tout en cherchant à renforcer leurs relations avec des partenaires non traditionnels en matière de sécurité, tels que la Chine ou la Russie. 

L'impact le plus immédiat de l'attaque a été la suspension temporaire par le Qatar de ses efforts de médiation dans les négociations sur les otages et le cessez-le-feu. La diplomatie exige que les parties opposées soient disposées à négocier de bonne foi et nécessite des interlocuteurs. Le fait de prendre pour cible des membres haut placés du Hamas qui discutent des négociations, en particulier dans un pays neutre connu pour son rôle historique dans l'accueil de telles négociations, ne contribuera guère à renforcer la confiance de la région en Israël en tant qu'acteur recherchant la paix. Tant qu'une solution viable au conflit entre Israël et le Hamas restera envisageable, le Qatar poursuivra ses efforts pour négocier une solution pacifique. Bien que le Qatar ait déclaré se réserver le droit de riposter, cela prendra probablement la forme d'actions diplomatiques supplémentaires plutôt que d'un recours à la force.  

Un membre des forces de sécurité intérieure du Qatar a été tué lors de la frappe aérienne israélienne du 9 septembre, qui visait le Hamas dans un quartier résidentiel de Doha. (Photo / CC BY)

Les capitales arabes de la région seront particulièrement préoccupées par ce qui s'est passé et par les actions et intentions futures possibles d'Israël. Les inquiétudes quant à la fiabilité des États-Unis en tant que partenaire, du moins sous l'administration actuelle du président Donald Trump, vont également s'intensifier. La veille de l'attaque au Qatar, des hauts responsables du Hamas se sont réunis à Doha pour discuter de la dernière proposition de cessez-le-feu américaine avec le Premier ministre qatari. Ils ont alors convenu que les membres du Hamas basés en Turquie se rendraient à Doha pour discuter plus en détail de la proposition de cessez-le-feu, estimant que le Qatar serait un endroit sûr pour le faire. 

L'attaque au Qatar a bouleversé le principe clé qui sous-tendait le processus de normalisation des relations entre les pays arabes et Israël, qui impliquait une normalisation en échange d'un règlement négocié du conflit israélo-palestinien. Avant les attaques du 7 octobre, et même pendant la guerre entre Israël et le Hamas, les spéculations allaient bon train sur une extension des accords d'Abraham à l'Arabie saoudite, la Syrie et le Liban. Cependant, l'attaque au Qatar dissuadera toute initiative visant à intégrer Israël dans un cadre régional plus large.  

Les ressortissants israéliens qui se rendent dans les pays arabes ayant normalisé leurs relations avec Israël, à savoir Bahreïn et les Émirats arabes unis, pourraient être soumis à une surveillance accrue de la part des forces de sécurité en raison de l'attaque israélienne contre un autre membre du Conseil de coopération du Golfe (CCG). Outre la surveillance accrue des forces de sécurité, les cas d'antisémitisme et d'hostilité envers les voyageurs israéliens pourraient se multiplier à mesure que la sympathie du public pour les Palestiniens et le ressentiment envers Israël continuent de croître dans le contexte du conflit israélo-hamas. 

L'ampleur totale des répercussions de l'attaque israélienne n'est pas encore claire. Cette attaque marque un tournant décisif dans le Golfe et dans l'ensemble du Moyen-Orient. Le fait que Trump qualifie une attaque sans précédent de simplement « regrettable » aura des implications importantes pour les relations en matière de sécurité non seulement entre les États-Unis et le Qatar, mais aussi entre Washington et le reste des États du Golfe. La réaction de Trump aura pour principal effet de renforcer encore davantage la perception des États du Golfe selon laquelle les garanties de sécurité et les partenariats de défense des États-Unis ne sont pas vraiment contraignants. Tant que les États-Unis ne feront pas respecter les lignes rouges vis-à-vis des actions cinétiques d'Israël, Tel-Aviv continuera à utiliser sa supériorité militaire dans la région pour imposer sa volonté non pas par la diplomatie, mais par la force. 

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