Les tensions croissantes entre les États-Unis et le Venezuela augmentent le risque d'une escalade à court terme

Depuis la mi-août, les États-Unis déploient une force militaire en constante augmentation dans le sud des Caraïbes, une initiative que le président vénézuélien Nicolás Maduro a qualifiée de grande menace pour la stabilité régionale. La mission déclarée de la force opérationnelle navale américaine est d'intercepter le trafic de stupéfiants ; cependant, la puissance de feu dont disposent ces moyens semble dépasser de loin celle qui serait normalement déployée pour de telles opérations. En réponse, l'administration Maduro a ordonné l'activation à l'échelle nationale de la milice bolivarienne, bien que le nombre de miliciens déployés reste incertain.

Le 1er septembre, l'armée américaine a détruit un petit bateau dans le sud des Caraïbes ; 11 personnes auraient été tuées lors de cette frappe. L'administration du président Donald Trump a affirmé que le navire avait quitté le Venezuela pour transporter de la drogue vers les États-Unis. Trois jours plus tard, deux avions de combat F-16 vénézuéliens ont survolé l'un des destroyers de la marine américaine dans les eaux internationales, en réaction apparente à cet incident. Les États-Unis ont alors déployé 10 chasseurs furtifs F-35 à Porto Rico, probablement en réponse à cet incident. Washington a ensuite continué à renforcer ses forces dans la région, doublant presque le nombre de ses troupes depuis la mi-septembre. Les responsables de la Maison Blanche ont indiqué que cet incident illustrait la manière dont les États-Unis traiteraient à l'avenir les trafiquants de drogue vénézuéliens présumés, suscitant des inquiétudes dans toute la région quant à une confrontation plus large. 

Bien qu'aucun des incidents similaires à l'attaque du 1er septembre n'ait finalement dégénéré au point que les deux parties en viennent à échanger directement des tirs, le fait que l'administration Trump ait choisi de ne divulguer que très peu de détails sur les frappes ou les règles d'engagement utilisées pour les mener a alimenté les inquiétudes concernant la légalité des actions et la légitimité des cibles. S'il existe des raisons légitimes de sécurité opérationnelle pour ne pas divulguer les détails relatifs à l'intention, à la justification ou à l'emplacement, cela peut néanmoins laisser le public dans le doute quant à la nature et à l'objectif réels de l'incident.  

Chaque frappe ultérieure des États-Unis mettra à l'épreuve la tolérance régionale à l'égard d'une intervention militaire unilatérale des États-Unis dans une région qui a un passé controversé en la matière et qui est donc prédisposée à la considérer négativement. Il reste toutefois dans l'intérêt du Venezuela d'éviter une confrontation directe avec les États-Unis. Le président Trump a récemment ordonné à son envoyé spécial au Venezuela de cesser toutes les négociations avec le pays, mais on ne sait pas encore s'il s'agit d'une tactique de négociation ou d'un signe que Washington a perdu tout intérêt pour une résolution diplomatique de la situation. 

Bien que l'intensification des tensions entre les États-Unis et le Venezuela continue de faire peser le risque de nouvelles frappes militaires contre des cibles détectées dans le sud des Caraïbes, toute action de ce type qui pourrait être menée restera très certainement limitée dans sa portée, loin d'atteindre le niveau d'hostilités directes soutenues, telles qu'une invasion. Toutefois, si les pourparlers entre les deux pays continuent de stagner et que le renforcement militaire américain dans la région se poursuit, une série de frappes limitées sur le territoire vénézuélien pourrait devenir une possibilité réelle. Comme pour toute action militaire, le risque d'erreur de calcul est omniprésent et ne fait que croître à mesure que les frappes se multiplient. Selon les circonstances, certains incidents pourraient entraîner une détérioration de l'opinion publique régionale à l'égard des États-Unis et de leurs intérêts, même si des troubles majeurs dans la région sont peu probables. Les répercussions pourraient également s'étendre aux relations entre les États-Unis et le Mexique, car ce dernier reste méfiant à l'égard des actions unilatérales menées par les États-Unis contre les cartels opérant sur son territoire. 

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