L'offensive des rebelles du M23 à Goma menace la sécurité régionale en RDC

Bien que le M23 affirme s'être emparé de Goma, la situation reste fluide et les forces armées de la RDC (FARDC) ainsi que les forces internationales seraient toujours présentes dans la région. Kinshasa accuse les Forces de défense rwandaises (RDF) d'opérer ouvertement avec le M23 à Goma, qualifiant l'offensive d'« acte de guerre du Rwanda ». La RDC a rompu ses relations diplomatiques avec Kigali le 25 janvier et les membres de l'ONU et de la Communauté d'Afrique de l'Est (CAE) appellent à la paix. Toutefois, il est peu probable que les rebelles du M23 suspendent leur offensive, car ils se sont rapidement emparés des villes environnantes, notamment Sake, à l'ouest, coupant ainsi l'accès à Goma. Des affrontements entre les FARDC et les troupes rwandaises ont été signalés le long de la frontière commune et ces engagements sont susceptibles de s'intensifier si le M23 poursuit son offensive. Un conflit ouvert entre la RDC et le Rwanda pourrait inciter d'autres forces régionales, notamment l'Ouganda et le Burundi, à intervenir directement à Goma ou dans ses environs.

La situation humanitaire à Goma risque également de se détériorer à mesure que les civils tentent d'échapper aux combats. Les routes entrant et sortant de la ville seraient bloquées et l'aéroport international de Goma est fermé. Le poste frontière entre Goma et Gisenyi, au Rwanda, est également fermé, ce qui limite les possibilités d'évacuation de la ville. Goma abrite plus d'un million de personnes, ainsi que des centaines de milliers de personnes déplacées à l'intérieur du pays. Des gangs criminels profiteraient du vide sécuritaire ; une évasion massive a eu lieu à la prison de Munzenze le 27 janvier, et des pillages ont été signalés dans toute la ville. Les civils peuvent être pris par inadvertance dans les combats, y compris dans les tirs d'artillerie, en particulier s'ils tentent de s'enfuir.

Des violences connexes sont possibles ailleurs dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu. L'offensive du M23 et la capture de territoires sont susceptibles d'exacerber les pénuries d'approvisionnement et les perturbations des services publics. Les autorités pourraient imposer des restrictions dans les jours à venir, notamment des couvre-feux, des fermetures de routes et des fermetures de frontières. Les groupes armés qui ne sont pas directement impliqués dans les combats actuels pourraient également chercher à intensifier leurs opérations.

Le gouvernement du président Tshisekedi est susceptible de subir une pression politique intérieure croissante en raison de l'avancée du M23. Des manifestations auraient lieu à Kinshasa et dans d'autres villes pour dénoncer l'offensive et l'incapacité du gouvernement à améliorer la situation sécuritaire dans l'est du pays. Le sentiment anti-rwandais est susceptible d'augmenter et les intérêts rwandais pourraient être pris pour cible dans les manifestations. Si Goma tombe et que les forces du M23 s'emparent d'autres territoires, Tshisekedi pourrait être confronté à des tentatives de destitution de lui-même ou de son gouvernement. Les forces internes, y compris l'ONU et la mission de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) en République démocratique du Congo (SAMIDRC), pourraient déployer des troupes supplémentaires si les combats continuent de s'intensifier.

Pour en savoir plus sur la façon de tirer parti de nos experts régionaux et spécialisés pour obtenir des renseignements qui aident votre organisation à garder une longueur d'avance sur les risques auxquels sont exposés votre personnel et vos opérations.