Les attaques en mer Rouge soulignent la menace persistante des Al-Houthis

La première attaque a eu lieu le 6 juillet, visant le vraquier battant pavillon libérien Magic Seas au sud-ouest d’Al-Hudaydah, au Yémen. Les Al-Houthi ont encerclé le navire et l’ont attaqué à l’aide de tirs d’armes à feu et de lance-grenades propulsées par fusée (RPG). Par la suite, le groupe a lancé des navires de surface sans pilote (USV) contre le vraquier, dont deux ont percuté le navire. L’équipage a abandonné le navire et a été secouru par un autre navire de passage. Le Magic Seas a ensuite été coulé à l’aide d’explosifs placés à bord, comme le montre une vidéo de propagande spectaculaire publiée par le groupe.

Le 7 juillet, les Al-Houthi ont lancé une attaque presque identique contre un autre navire libérien, Eternity C, à l’ouest d’Al-Hudaydah. Le naufrage du navire a été confirmé le 9 juillet. Au moins quatre membres d’équipage ont été tués dans l’attaque et 21 autres ont survécu, dont 11 sont maintenant détenus par les Al-Houthi.

Comme pour d’autres attaques des Al-Houthi contre des navires, le groupe a affirmé que les navires ciblés avaient des liens avec Israël. Depuis octobre 2023, le groupe mène une campagne contre les navires liés à Israël dans la mer Rouge, affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens dans le cadre de la guerre à Gaza. Des attaques ont également visé des navires liés aux États-Unis et au Royaume-Uni, ainsi que ceux supposément associés à des pays ou entreprises que les Al-Houthi considèrent comme soutenant Israël. Les Al-Houthi et les États-Unis ont conclu un accord de cessez-le-feu le 6 mai, dans lequel le groupe s’engageait à cesser les attaques contre les navires américains.

Les récentes attaques ont mis fin à plusieurs mois de calme relatif dans la mer Rouge et semblent liées au conflit de 12 jours entre Israël et l’Iran. Bien que les Al-Houthi n’aient pas été directement impliqués dans ce conflit, ils ont émis plusieurs menaces de reprendre les attaques pendant cette période. Il est probable que les Al-Houthi aient mené ces frappes pour démontrer leur force persistante malgré les revers iraniens dans la région. Ces attaques visaient aussi à avertir les compagnies maritimes envisageant un retour dans la mer Rouge.

Les attaques du début juillet montrent une nette évolution des tactiques des Al-Houthi. Alors que les incidents précédents reposaient souvent sur des armes à distance comme les missiles ou les véhicules aériens sans pilote (UAV), ces attaques ont utilisé une approche coordonnée et à volets multiples. Les deux ont impliqué un grand nombre de skiffs, l’utilisation d’armes légères et de RPG, ainsi que des USV. L’utilisation de USV et, dans le cas du Magic Seas, l’embarquement suivi de la pose d’explosifs, indique une volonté de causer des dommages graves ou une perte totale.

La réduction des missions navales après le cessez-le-feu entre les États-Unis et les Al-Houthi, combinée à une période de calme relatif, a contribué au succès de ces attaques. Le groupe semble avoir été enhardi par l’absence de menace immédiate, profitant de l’occasion pour affiner ses tactiques et se mettre en scène, réaffirmant ainsi sa pertinence dans le paysage des menaces maritimes.

Depuis les attaques du début juillet, aucune nouvelle attaque des Al-Houthi contre des navires n’a été signalée, bien que le groupe ait annoncé le 27 juillet qu’il attaquerait tout navire, quelle que soit sa nationalité, appartenant à des entreprises faisant affaire avec des ports israéliens. Bien que les États-Unis aient condamné les récentes attaques, ils n’ont pas indiqué considérer que les Al-Houthi ont violé le cessez-le-feu. Toutefois, si un navire américain était ciblé, cela pourrait inciter les États-Unis à reprendre les frappes contre les cibles Al-Houthi au Yémen, entraînant probablement des échanges de représailles entre le groupe et les États-Unis.

Même si les Al-Houthi souhaitent reprendre leur campagne à grande échelle contre la navigation, le trafic maritime — et donc le nombre de cibles potentielles — a chuté de façon spectaculaire dans la mer Rouge depuis 2023. Par conséquent, les Al-Houthi pourraient juger plus efficace de mener des attaques occasionnelles mais intenses, comme celles de juillet, plutôt que de chercher à cibler un grand nombre de navires.

Les attaques du début juillet ne devraient pas modifier considérablement les schémas actuels de navigation, car la plupart des grandes compagnies maritimes continuent d’éviter complètement la mer Rouge. Le contournement par le cap de Bonne-Espérance reste la norme dans l’industrie et devrait se poursuivre dans un avenir prévisible.

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